Comme je le pensais, il m'était impossible de tenir le bar seul, c'était bien trop crevant. Bon, les clients affluaient enfin, je n'allais pas m'en plaindre, mais toujours pas la moindre assistante à l'horizon ! Du coup, je faisais des journées pleines à courir dans tous les sens, pour finalement m'effondrer sur mon lit, exténué. Au bout d'une semaine, j'étais complètement à plat, j'ai même passé mon dimanche à dormir, c'est dire... Alors, j'me suis pris un jour de congé, que j'estime avoir bien mérité. Vu les bénéfices que je faisais, je pouvais me l'autoriser... Bref.
La matinée fut des plus actives : grasse mat' jusqu'à 11h, j'ai grignoté sur le pouce, et puis j'me suis recouché... Bon, j'allais pas faire mon gros lard toute la journée, il allait falloir que je me bouge un peu.
J'ai quitté le bar aux alentours de 14h en direction de la plage, juste le temps d'une p'tite promenade. J'me suis fait chier, je suis donc revenu vers le centre-ville. Y'avait, comme d'habitude, un peuple monstre, et moi, j'aime pas la foule. Et si... j'allais au ciné ? Avec de la chance y'aurait un bon film...
Par contre, se rendre au cinéma du centre-ville, ça relevait plus du parcours du combattant qu'autre chose ! Cette foule allait me rendre dingue... Ca s'bouscule, encore et encore, pourtant c'est pas faute d'être aussi mince qu'une anguille ! Une esquive à gauche, hop, une esquive à droite... Avec ma musique sur les oreilles, j'avais l'impression de danser entre les passants, c'était drôle.
Mais à force de faire le con, ben on récolte ce qu'on récolte... Alors que j'arrivais devant les films à l'affiche, je bousculai accidentellement une jeune fille qui se trouvait alors sur mon chemin. Je n'avais pas fait attention à elle à cause de sa petite taille. Je m'apprêtai à m'excuser, mais elle fut plus rapide que moi.
"Excusez-moi.
- Non non, c'est moi qui m'excuse !" m'empressai-je de lui répondre quelque peu gêné, vu qu'après tout, c'était moi qui l'avait bousculé.
Et puis là, j'sais pas pourquoi, alors que je n'avais même pas commencé à la dévisager, je lui ai posé la question.
"Comment vous appelez-vous ?"
Putain, faudra que j'arrête de vouvoyer, c'est trop ringard...